En feuilletant les archives, nous avons retrouvé les traces des quelques personnes, originaires de Sainte-Marguerite, ou qui ont marqué à un moment ou à un autre l’histoire de notre commune.
BESNIARD Jean Louis :
À la Révolution, ce Monsieur Jean-Louis BESNIARD, né en 1749 à Sainte-Marguerite de Carrouges, ordonné prêtre en 1779 et nommé vicaire à Marchemaisons puis à Joué du Bois, revenu à
sa paroisse natale avec le titre de prestimonier, refusa de se soumettre à la loi sur la constitution civile du clergé, votée le 12 juillet 1790 par l’Assemblée nationale constituante. Certains
chanoines de la Collégiale comme Etienne Cheradame, Jacques Tartarin et Louis Clouet se révoltèrent avec lui. Ne prêtant pas serment, il quitta Ste Marguerite en mai 1792.
Après avoir trouvé asile quelques jours chez son frère, maire de Carrouges, il se réfugia à Alençon chez un tisserand nommé HUBERT, qui cachait déjà M THIBAULT, curé de Ste Marguerite.
Découvert par les agents révolutionnaires, il fut conduit à la maison d’arrêt le 8 octobre 1793.
Le tribunal déclare le délinquant convaincu de n’avoir prêté aucun des serments exigés par les lois, pourquoi le condamne à la peine de la déportation, ordonne en conséquence qu’il sera
transféré sur les côtes d’Afrique, depuis le 23° jusqu’au 28° degré sud, et déclare ses biens meubles et immeubles confisqués au profit de la république. Ordonne le tribunal que ce présent
jugement sera mis à exécution à la diligence de l’accusateur public. Arrêté et fait à Alençon le 14 germinal de l’an II de la République française une et indivisible (3 avril 1794)
M. Besniard entendit cette sentence, sans laisser échapper un seul murmure, et fut ensuite reconduit à la maison de justice. Le lendemain (4 avril 1794), M. Besniard partit
pour Rochefort, où il fut embarqué sur le navire négrier « les Deux-Associés » au port de la Cabane Carrée, situé en l’amont de l’arsenal de Rochefort. . Ne pouvant franchir la rade de l’île
d’Aix surveillée par les Anglais, ce bateau resta sur place jusqu’en février 1795. Après quelques mois de séjour dans une épouvantable prison, le confesseur de la foi succomba aux tourments
qu’il endurait. Il mourut le 20 août 1794. Le corps de cette sainte victime fut inhumé dans l’île d’Aix.
Sur 869 prêtres déplacés, 567 prirent à la suite des sévices qui leur fut infligés. Après quelques mois de séjour dans cette épouvantable prison, M BESNIARD mourut le 20 août. Son corps fut
inhumé dans l’île d’Aix.
BLANCHET Gaspard Marin :
Prêtre exilé pour la foi.
Né à Ste Marguerite en 1750, il fut ordonné sous-diacre en 1773.
Ordonné prêtre en 1775, il remplit d’abord les fonctions de chapelain chez les religieuses de Vignats, près de Falaise, puis fut curé de St Nicolas de Vignats le 20 novembre 1779.
Il refusa de prêter serment à la révolution et fut exilé.
COSNARD Rosalie épouse TAILLE :
Décédée le 17 mai 1908 au village de l’Aubesnière dans sa 73ème année, elle est inhumée au cimetière de Ste Marguerite.
Elle fut la nourrice de Marie Françoise MARTIN, devenue Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, à Semallé, au lieu-dit “le Carrouge”.
LEROYER Catherine :
1) La femme avant Marie Catherine Le Royer
Avant tout, il est essentiel de rappeler que la société occidentale du 18ème siècle est chrétienne. Les mentalités sont forgées de croyances anciennes, sur les femmes notamment. Au 18ème siècle, même si la société chrétienne européenne a quelque peu évolué depuis le Moyen-Age, il est des mythes qui perdurent. Ainsi en est-il du mythe de la femme créée non en même temps que l’homme, mais à partir de l’homme… Sur ce mythe repose l’essentiel du comportement des hommes à l’égard des femmes : la femme doit tout à l’homme, elle lui est soumise… Sans oublier que la femme est le symbole du malheur du genre humain.
Elles doivent se contenter d’une activité domestique, extérieure à la société civile, et sont donc considérées comme des mères ou ménagères, loin des fonctions sociales que certaines désirent. Cette identification de la femme à la communauté familiale dépouille la femme de son individualité. La femme est le principe spirituel (l’âme) du foyer, l’homme en est le principe juridique.
Au dix-huitième siècle l’éducation est encore réservée aux classes aisées et, surtout destinée aux hommes. Dans les écoles, les filles reçoivent avant tout une instruction religieuse. Les filles apprennent à être de bonnes mères de famille et à tenir un foyer.
« La femme ne doit être ni laide ni belle, pour ne pas distraire son mari des tâches productives, elle ne doit être ni gloutonne, ni fainéante, ni superstitieuse ou attirée par les hommes. La bonne condition physique des femmes était essentielle pour affronter les nombreuses activités dont elles devaient s’occuper toute l’année »
Source : Ouvrage sur la femme Dans le monde rural
2) Ce que Marie Catherine Le Royer a mis en place
En 1754, elle a alors 45 ans et décide d’offrir une autre perspective aux jeunes filles et de faire construire une demeure, qu’elle nomme « le Logis ».
Elle y établit un « ouvroir » où elle accueille les petites filles pour leur donner gratuitement une instruction ainsi qu’un métier qui leur permettra de gagner leur vie par leur travail. Couture, broderie (le très à la mode Point d’Alençon est alors très recherché) vont permettre aux filles de se construire une vie où le choix aura une place possible…
3) Le logis a la révolution.
Marie Catherine doit se battre pour conserver le Logis. Malgré les menaces de saisie de la demeure, elle résiste avec force. Elle parvient à prouver qu’elle l’a fait bâtir avec ses propres deniers et qu’elle a besoin des religieuses qui restent avec elle pour la soigner et tenir la maison. Au XIXe siècle, la majorité des femmes travaillaient dans l’agriculture ou comme domestiques, mais toujours sous une forme d’invisibilité sociale. Elles étaient vues comme l’âme du foyer, tandis que les hommes en incarnaient l’autorité juridique.
Marie-Catherine Le Royer, en rupture avec ces conventions, décide en 1754 de fonder un établissement nommé « le Logis », un ouvroir destiné à offrir une éducation et une formation professionnelle (couture, broderie) à de jeunes filles pauvres, leur permettant ainsi une certaine autonomie.
Malgré la Révolution française et les menaces de saisie, elle défend son œuvre avec détermination et obtient le droit de continuer. Elle meurt en 1795, mais son initiative perdure sous le nom de communauté des filles de Sainte-Marguerite, poursuivant son projet d’émancipation féminine par l’éducation et le travail.
4) La communauté religieuse du Logis : Le devenir du Logis
Sous la révolution, la fondatrice refuse aux envoyés de l’autorité publique de céder à la réquisition de cette maison dans laquelle elle décède en 1795. Les difficultés de recrutement de religieuses sont constantes au cours de l’existence de la communauté. Après deux cents ans d’existence, la communauté du Logis disparaît en 1964 au moment du départ en maison de retraite à Athis-de-l’Orne des deux dernières religieuses. Les cinq religieuses qui ont consacré leur vie au Logis ont demandé à être inhumées à Sainte-Marguerite, où leurs tombes, toutes identiques, reposent sous un manteau de gravier blanc. »
Après avoir appartenu successivement à la fabrique, à la commune, au bureau de bienfaisance devenu bureau d’aide social, à l’association des maisons familiales d’apprentissage rural afin d’accueillir un centre d’apprentissage. Le Logis est maintenant une propriété privée
TREHOT-RENOIR Jeanne Marguerite :
Née à Paris le 21 juillet 1870, Jeanne Marguerite TREHOT est la fille du peintre Auguste RENOIR et de son modèle Lise TREHOT. Mise en nourrice au village de l’être chapelle, elle est baptisée dans l’église de Sainte Marguerite le 23 mai 1875. Sous le nom de Marguerite RENOIR, elle fait sa première communion le 24 juillet 1881, et est confirmée le 15 juin de l’année suivante. Le 2 février 1893, elle signe encore “Jeanne RENOIR” sur l’acte de baptême de son filleul.
Non reconnue officiellement par son père, c’est sous le nom de Jeanne TREHOT qu’elle se marie en 1893 avec Louis ROBINET, ouvrier boulanger. Les déplacements de RENOIR au cours de l’été 1893 donnent la quasi-certitude qu’il a assisté au mariage de sa fille à Sainte Marguerite. Il cachera toutefois toujours à sa famille l’existence de Jeanne avec laquelle il entretiendra une correspondance suivie. Jusqu’à sa mort en 1919, il lui apportera une aide financière constante.
Jeanne et son mari tiennent un commerce de boulangerie à Madré (Mayenne) jusqu’au décès de Louis ROBINET en 1908. Veuve, Jeanne TREHOT revient vivre à Sainte Marguerite où elle décède le 8 juin 1934.
Jeanne TREHOT est la demi sœur du grand acteur Pierre RENOIR, et du cinéaste Jean RENOIR, auteur de tant de films inoubliables .
SYSLEY Jacques :
Jacques SYSLEY est le troisième enfant du peintre impressionniste Alfred SISLEY et de sa compagne Marie LESCOUEZEC. Après sa naissance à Paris le 26 novembre 1871, ses parents, sur le conseil de leur ami RENOIR, le mettent en nourrice dans la commune, au village de l’être chapelle. Il est ondoyé “pour cause de maladie” par le vicaire de la paroisse le 22 décembre. Il décède à l’Être Chapelle le 28 février 1872 et est inhumé le 1er mars.
DRUET Eugène :
Originaire d’une famille nombreuse du village de l’Aubesnière, où son père est né, Eugène DRUET passe son enfance dans la commune. Il succède à son père à la direction du café “le yacht-club de France” place de l’Alma à Paris où il fait la connaissance du grand sculpteur Auguste RODIN. Photographe amateur de talent, il devient le photographe privilégié des œuvres de RODIN pour qui il organise une grande exposition en 1900.
A la fin de 1903, il ouvre une galerie rue du faubourg Saint Honoré, galerie transférée rue Royale en 1908. Il y expose notamment les œuvres de Cézanne, Maurice Denis, Marquet, Matisse, Jean Puy, Rouault, Signac, Valtat, et soutien de jeunes artistes tout en développant l’édition photographique d’œuvres d’art. Sa galerie rivalise avec celles de Durand-Ruel et de Bernheim.
Il meurt prématurément le 21 janvier 1916 (il était né le 26 juin 1867), et sa veuve continue de diriger la galerie jusqu’en 1938.
POILANE Pierre :
Pierre POILANE, inventeur du “pain Poilâne” mondialement connu, a passé son enfance à Sainte Marguerite et a fait son apprentissage dans une boulangerie de Carrouges. Né à Clamart le 7 novembre 1909, il est mort le 26 juin 1993. Son fils Lionel POILANE, qui lui avait succédé à la tête de l’entreprise, est décédé à Cancale le 31 octobre 2002 dans l’accident de l’hélicoptère qu’il pilotait. Aujourd’hui, c’est sa petite fille qui est à la tête de l’entreprise.
La famille POILANE habitait la commune, au village de La Normandière, plusieurs de ses membres sont enterrés dans le cimetière paroissial, notamment Constant POILANE, cultivateur, le grand-père de Pierre Joseph Constant POILANE, le père de Pierre, avait quitté Sainte Marguerite pour s’installer à Clamart, dans la banlieue parisienne o* il tenait au début du XXème siècle un commerce de grains et fourrages. Il fut un temps, peut-être sur la recommandation d’Eugène DRUET, le fournisseur du sculpteur RODIN qui possédait un cheval dans sa propriété de Meudon.